Le dynamique et opiniâtre commentateur sportif Jean-Charles Lajoie est né à Granby. Sa jeune mère célibataire n’a jamais cédé aux pressions de ses parents ni celles de l’establishment pour lui donner naissance. Il portait le nom de famille de sa mère jusqu’à l’âge de cinq ans lorsque sa mère, Diane, s’est mariée. Son mari, Richard Lajoie, un homme de peu de mots, a adopté Jean-Charles qui dorénavant porterait le nom de famille Lajoie.
La saga des nombreux déménagements entre Granby et Cowansville l’a obligé à changer fréquemment d’école. De la maternelle jusqu’à la fin du primaire, il a fréquenté six établissements. Aujourd’hui, il se considère comme choyé de réaliser son rêve de travailler dans le monde du sport. Il remercie la vie pour tout ce qu’elle lui a donné.
Au début de ta vingtaine, tu étais gérant d’un bar à Granby, et un jour, on t’a pointé un revolver au visage.
Ma réaction a été calme et glaciale lorsque j’ai doucement écarté le 38 Spécial de mon visage pour lui rappeler de faire attention, car il se pourrait qu’il se fasse mal. Il s’éloigna lentement.
Tu as dû vivre éloigné de ta mère.
Avant que maman se marie, elle devait travailler beaucoup, alors, je vivais chez une famille durant la semaine, et les fins de semaine, elle venait me rejoindre chez mes grands-parents. Je ne vivais pas dans un contexte de vie normale, j’étais un enfant roi.
« Réveille-toi, on sort la coupe Stanley ».
Je suis né en 1971, alors, j’étais jeune lorsque cette dynastie du Canadien remportait des coupes Stanley. Souvent en regardant le hockey à la télé avec ma grand-mère, je m’endormais sur le sofa. Elle me disait doucement : « Réveille-toi Jean-Charles, on sort la coupe Stanley. »
Le mariage de ta mère a été difficile pour toi.
Je dirais plutôt que le contraste entre une vie d’enfant-roi qui devient une vie structurée et organisée était brutal. Je ne pouvais plus faire ce que je voulais, quand je voulais. D’ailleurs, à l’époque, j’étais plus gêné que je le suis aujourd’hui, et moins exubérant que je le suis aujourd’hui.
Tu as été un camelot, producteur et journaliste.
Je livrais les journaux, je produisais des spectacles de jeunes dont le prix d’entrée était de 25 sous, sans oublier que je publiais mon magazine que je vendais le samedi pour la modique somme de 10 sous l’unité. J’ai aussi gardé les enfants de mes voisins. Je ne peux pas le dire à cause de mon âge, mais coudonc, à 17 ans j’ai commencé à travailler dans les bars.
J’ai toujours aimé mieux commenter que jouer.
Bien assis sur le perron, sur trois caisses de bières, je commentais les parties dans la rue. Parfois, j’utilisais les cartes de joueurs de hockey pour décrire un match. D’ailleurs, dans la salle de bain, je lisais la page des statistiques des journaux et ensuite je lisais un bulletin de nouvelles selon les données qui se retrouvaient devant mes yeux.
Tu organisais des Jeux olympiques.
Mon frère, Alexandre, et ma sœur, Marie-Noël, étaient plus jeunes que moi. À l’âge de 13 ans, j’ai réuni leurs amis afin de participer à des Jeux olympiques que j’organisais. Les Jeux comprenaient beaucoup de disciplines et la remise de médailles sur un podium.
Ton oncle Michel était ta figure paternelle.
J’ai passé la majorité de ma jeunesse avec mes oncles et mes tantes. Michel était l’entrepreneur et le meneur de la famille. Ma mère, qui enseignait la diction, le théâtre, et qui avait un emploi à la radio, m’a beaucoup influencé.
Tous les matins tu devais lire le journal à haute voix.
Chaque matin, de l’école primaire jusqu’au secondaire, je devais lire un article dans le journal avec les accents toniques et les intonations. Ma mère m’a appris à bien parler en français et encore aujourd’hui, elle s’assure que je maîtrise bien la langue de Molière.
Tu as fait de la radio étudiante.
J’animais une émission à la radio étudiante avec mes amis. Cela devrait être seulement de la musique, mais nous présentions des nouvelles locales, sportives, la météo, et sans oublier nos nombreuses chroniques.
Tu as vécu de l’intimidation à l’école.
Les jeunes se moquaient de moi et parfois, je vivais de la violence physique. Je me demandais comment j’étais pour m’en sortir. Ma dernière chance pour m’en sortir a été de vivre l’impro à l’école.
Pourquoi l’impro ?
En secondaire 1, j’ai été choisi pour faire partie de l’équipe de l’école qui était composée surtout des élèves du secondaire 5. Soudainement, mes ennemis qui m’intimidaient sont devenus mes amis.
Le sport, cette activité que tu aimais.
Plus jeune, je jouais au soccer, au hockey, au football et au baseball dans la cour arrière, au parc ou dans la rue.
Le sport a défini ton leadership.
J’ai fait partie de l’équipe de soccer les Cosmos de Granby, qui a participé aux Jeux du Québec. À l’école secondaire, j’étais le quart-arrière de la formation de football. Le sport a sans aucun doute défini mon rôle de leadership.
Tu allais voir la lutte et le hockey au Centre sportif Léonard–Grondin.
Les Rougeau, le Géant Ferré et Dino Bravo étaient à l’affiche. Je passais souvent mes journées à assister à des matchs de hockey que je décrivais dans ma tête.
La culture a fait partie de ta jeunesse.
Mes tantes et ma mère aimaient la musique et le théâtre, ce que j’ai découvert à mon tour. À l’école secondaire, j’ai fait partie d’une troupe de théâtre.
Une amitié de longue date.
En 1984, à un arrêt d’autobus, j’ai rencontré Bernard Roger et aujourd’hui, nous travaillons à la radio du 91,9.
Tu as trois merveilleux enfants.
Mes enfants Jean-Maxime, Pier-Gabriel et Charles-Olivier sont ma plus grande richesse, ma raison de vivre et ma force. Marie Manon, la mère de mes enfants, m’a toujours appuyé, même si j’étais des fois égaré pour atteindre mon but.